Alexandre Décary-Corbeil

Pour la saison 2000, les entraîneurs des Cactus amorcent une restructuration du programme de football abolissant la saison de l’équipe cadette. Les joueurs de troisième secondaire se retrouvent alors tous avec l’équipe juvénile. Parmi eux, la jeune recrue Alexandre Décary-Corbeil qui surplomb physiquement, malgré son jeune âge, tout le groupe incluant les vétérans. Fait cocasse confirmant son imposante stature, Alexandre se présente un à l’hôpital Ste-Justine pour traiter une blessure sportive. L’infirmière lui indique sèchement qu’il s’agit d’un hôpital pour enfants et Alexandre de lui répondre qu’elle peut lire sa carte soleil et constater qu’il n’a que seize ans.

Le talent athlétique d’Alexandre se révèle rapidement. Dès les premières exécutions de pratique des blocs de la ligne offensive, les mouvements et enchaînements s’effectuent avec une facilité hors du commun. Alexandre possède toutes les qualités recherchées dans un joueur de ligne offensive. Il est physiquement imposant, manifeste des capacités athlétiques supérieures, démontre une soif d’apprentissage et de parfaire ses compétences, fait preuve d’une brutalité inégalée sur le terrain et d’une bonhommie et une sociabilité qui font de lui un coéquipier des plus agréables.

Les trois années passées à parfaire ses habiletés et son talent, stage d’une longueur exceptionnelle chez les Cactus, lui permettent d’atteindre un niveau de jeu supérieur qui lui vaut cette intronisation bien méritée au temple de la renommée des Cactus.

Dépourvus de statistiques, les joueurs de ligne offensive se démarquent autrement. Alexandre arrive en tête de liste de tous les palmarès de comparables, non seulement des joueurs de son époque mais aussi de ceux qui l’ont précédé et de ceux qui le suivront. Alexandre prend plaisir à brutaliser l’adversaire et à imposer sa volonté en reculant tout joueur défensif qui se trouve sur son passage. D’ailleurs, ces coéquipiers lui collent rapidement le surnom de « Big Mack », non pas en référence au hamburger de la chaine de restauration rapide, au puissant camion du même nom. En effet, Alexandre ne lésine jamais sur les efforts et ouvre sans cesse les brèches béantes permettant aux porteurs de ballon de courir vers la zone de buts.

Alexandre personnifie l’adage sportif : « Tu pratiques tel que tu joues. » Il prend plaisir à passer de la salle de cours et des corridors du collège au terrain de football où il peut démontrer à tous son savoir-faire et se défouler sur les pauvres camarades de classe qui ne portent pas la même couleur de chandail de pratique. Observé et analysé par les deux entraîneurs de ligne offensive, Guillaume Couture et André-François Lafond, Alexandre profite au maximum de leurs conseils et s’applique grandement à parfaire les techniques qui lui sont enseignées. Il est de monnaie courante de voir ses propres compagnons de l’unité des OL au sol, résultat d’un simple bloc de routine d’une ardeur insoupçonnée.

Alexandre en compagnie de Guillaume Couture et André-François Lafond à la suite de la victoire du Bol d’or 2001.

Alexandre sait mettre à profit le nouveau système offensif des Cactus qui s’implante simultanément avec son arrivée parmi l’équipe juvénile. Le coordonnateur offensif, Jean-Philippe Perron, instaure le système Wing-T et ses blocs de traps et pulls ont assurément tout ce qu’il faut pour ravir un bloqueur de la trempe d’Alexandre. Le succès des Cactus de cette époque ne repose donc pas seulement sur les nouvelles approches innovatrices de coaching mais sur l’évolution de ce jeune prodige au talent hors pair et dont l’apport rejaillit sur toute l’équipe.

Les trois années d’Alexandre parmi les Cactus comptent deux bols d’or, des nominations unanimes sur l’équipe d’étoiles de la ligue et l’obtention de la récompense ultime du Joueur de ligne par excellence du circuit québécois juvénile AAA en 2002. Son influence a certainement perduré au travers du parcours des recrues qui le suivaient et qui tentaient de recréer ses exploits et son ardeur au travail.

Lors du banquet annuel de la ligue juvénile AAA, Alexandre remporte le titre de Joueur de ligne de l’année. Le voici en compagnie de Jean-Philippe Darche et Pierre Vercheval.

Il fut cité en exemple maintes et maintes fois par ses entraîneurs, eux-mêmes marqués par le passage d’un tel athlète d’exception au sein de l’équipe. Sa légende s’est propagée à travers la ligue et lui a valu le respect de ses adversaires. Son histoire demeurera toujours scellée avec cette place au panthéon des Cactus, un ultime hommage à la grandeur et à la candeur de ce remarquable géant, cet incomparable joueur et ce coéquipier exceptionnel.